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Le groupe Etat islamique utilise des enfants soldats, les autres groupes aussi

Les enfants soldats sont devenus monnaie courante dans le conflit syrien. C'est une main d'œuvre peu chère et facilement manipulable. Si le groupe État islamique est en train d'institutionnaliser cette pratique, d'autres factions armées ont aussi recours aux enfants.

Le groupe État islamique (EI) a pub­lié mar­di une nou­velle vidéo d’exé­cu­tion d’un Arabe israélien, accusé d’être un agent du Mossad, les ser­vices secrets israéliens. Dans la vidéo, on remar­que le jeune âge du bour­reau. C’est encore un enfant.

Le recours aux enfants sol­dats n’est pas une pre­mière pour le groupe EI. En jan­vi­er, l’or­gan­i­sa­tion avait pub­lié une vidéo où deux hommes russ­es accusés d’être des espi­ons étaient exé­cutés par un enfant d’une dizaine d’années.

Un porte-parole de l’In­sti­tut de recherche des médias du Moyen-Ori­ent explique même que “les enfants sont pri­mor­dial pour l’EI: ils sont la future généra­tion des sol­dats du cal­i­fat et vont défendre son héritage.”

Le Cen­tre de doc­u­men­ta­tion des vio­la­tions, un organ­isme syrien proche de l’op­po­si­tion, recen­sait en juin 2014 “194 enfants ‘non civils’ tués en Syrie depuis sep­tem­bre 2011”. Un rap­port de Human Right Watch (HRW) épinglait dès juin 2014 le recours aux enfants sol­dats dans le con­flit syrien. Le rap­port, inti­t­ulé “Maybe we live and maybe we die” regroupe les témoignages de 25 enfants soldats.

On y décou­vre le quo­ti­di­en de ces guer­ri­ers juvéniles : par­tic­i­pa­tion aux com­bats, notam­ment comme tireurs embusqués ou kamikazes, per­ma­nence aux points de con­trôle, espi­onnage, soin aux blessés, sou­tien logis­tique et rav­i­taille­ment des lignes de front.

Ces enfants ont par­fois rejoint l’op­po­si­tion syri­enne par dépit. Cer­tains expliquent que les com­bats ont eu lieu dans leur quarti­er, les pri­vant d’é­cole et d’ac­tiv­ités. Cer­tains, qui avaient pris part aux man­i­fes­ta­tions paci­fiques en mars 2011 et ont été mal­traités par les forces gou­verne­men­tales, ont voulu s’en­gager. D’autres encore ont été faits pris­on­nier puis for­cés à se bat­tre pour leur geôli­er, comme ces enfants Yézidis qui ont été enrôlés par le groupe EI.

Le phénomène touche même les jihadistes occi­den­taux. En jan­vi­er 2014, Abdel­hamid Abaaoud, le jihadiste le plus recher­ché de Bel­gique est par­ti en Syrie avec son petit frère Younes, âgé de 13 ans à l’époque.

Le groupe EI n’a pas le mono­pole de l’u­til­i­sa­tion d’en­fants sol­dats. Le groupe Jab­hat al-Nos­ra et des fac­tions de l’Ar­mée Syri­enne Libre ont égale­ment recours à cette pra­tique. Le par­ti kurde de l’U­nion démoc­ra­tique (PYD) recrute même des filles pour tenir des bar­rages et patrouiller dans les zones sous con­trôle. HRW n’a, cepen­dant, pas pu enquêter du côté des forces pro-Bachar.

Pho­to : Cap­ture d’écran d’une vidéo du groupe État islamique.