Politique

Les attentats ne font pas toujours grimper la cote des dirigeants

Si la cote de popularité de François Hollande a grimpé dans les sondages après les attentats de Paris, elle décline depuis le début du mois. Mais parmi les dirigeants occidentaux dont les pays ont subi des attentats, tous n'ont pas connu le même destin.

1. François Hollande, une courte embellie

Après les atten­tats des 7, 8 et 9 jan­vi­er à Paris, François Hol­lande a vu sa cote de pop­u­lar­ité s’en­v­ol­er. Alors qu’il était passé sous les 20% de Français sat­is­faits depuis le début de l’an­née 2014, sa ges­tion des atten­tats a été saluée par plus de 80% de la pop­u­la­tion, selon un sondage Har­ris Inter­ac­tive pour LCP-Assem­blée nationale. 

Le Prési­dent s’é­tait alors posé en rassem­bleur, prenant plusieurs fois la parole à la télévi­sion pour ras­sur­er les Français. Résul­tat : au lende­main des attaques, sa cote de pop­u­lar­ité remon­tait à 29%. Mais l’embellie n’a pas duré. Un mois après les événe­ments, la courbe est repar­tie à la baisse.

2. Tony Blair, le Hollande d’Outre-Manche

On a pu con­stater le même phénomène au Roy­aume-Uni après les atten­tats de Lon­dres en 2005. Le 7 juil­let, qua­tre explo­sions touchent les trans­ports en com­mun de la cap­i­tale, faisant 56 morts et 700 blessés.

Avant ces attaques, le pre­mier min­istre Tony Blair béné­fi­ci­ait de 36% d’opin­ions favor­ables, la guerre en Irak ayant sérieuse­ment écorné sa pop­u­lar­ité. Au lende­main des atten­tats, son taux d’ap­pro­ba­tion remonte de 10 points, mais un peu plus d’un mois après, c’est le retour à la nor­male (39% au 15 août).A la fin de son man­dat, en 2007,  seuls 29% des Bri­tan­niques se déclar­ent sat­is­faits de son action politique.

3. Bush, populaire jusqu’aux fiascos de l’Irak et de l’Afghanistan

Impos­si­ble d’ou­bli­er les images de George W. Bush quelques jours après le 11 sep­tem­bre 2001 en veste de survête­ment, méga­phone à la main, au milieu des pom­piers new-yorkais déblayant les décom­bres du World Trade Cen­ter. Et au soir même des atten­tats les plus meur­tri­ers qu’aient con­nu les Etats-Unis, le prési­dent Bush déclare la guerre au ter­ror­isme.

Alors que sa cote de pop­u­lar­ité dépas­sait à peine les 50% la veille de la tragédie, qua­tre jours après, plus de 80% de la pop­u­la­tion approu­vent son action (86% le 15 sep­tem­bre, selon Gallup).

Il pour­suit donc sa poli­tique bel­li­ciste et annonce sa volon­té d’en­tr­er en guerre avec l’Afghanistan au plus vite. Et sa courbe de pop­u­lar­ité con­tin­ue de grimper. Le 22 sep­tem­bre 2001, le prési­dent Bush béné­fi­cie même 90% d’opin­ions favor­ables. Du jamais vu ! Toute­fois, les fias­cos des guer­res d’Afghanistan et d’I­rak lui coûteront cher. Il ter­min­era son pre­mier man­dat avec 47% d’Améri­cains sat­is­faits de sa poli­tique. Cela ne l’empêchera pas d’être réélu en 2004.

4. Aznar, un mensonge qui n’est pas passé

Le seul dirigeant occi­den­tal dont la pop­u­lar­ité n’a pas béné­fi­cié des atten­tats qui ont touché son pays est le con­ser­va­teur espag­nol José Maria Aznar.

Le 11 mars 2004, plusieurs gares de Madrid sont touchées par des attaques à la bombe. 192 per­son­nes trou­vent la mort et plus de 1800 sont blessées. L’en­quête à peine com­mencée, le Pre­mier min­istre accuse l’E­TA d’être à l’o­rig­ine des atten­tats. Sauf que l’or­gan­i­sa­tion ter­ror­iste basque n’a rien à voir avec ces événe­ments car c’est Al-Qaï­da qui les a planifiés.

A trois jours des élec­tions, Jose Maria Aznar pay­era très cher cette erreur. Alors que son par­ti (le Par­ti pop­u­laire) était crédité de 41,5% d’in­ten­tions de vote au début du mois de mars devant le Par­ti social­iste, le rap­port de force s’in­verse le 14 mars, et c’est le social­iste José Luis Zap­a­tero qui est élu.

Pho­to d’en tête: George W Bush après les atten­tats du 11 sep­tem­bre (LdD)