Politique

Les 5 pistes du gouvernement pour encadrer le culte musulman

Presque deux mois après les atten­tats de Paris, le gou­verne­ment veut réformer l’is­lam de France. Objec­tif : prévenir le rad­i­cal­isme et lut­ter con­tre l’is­lam­o­pho­bie. Le point sur les 5 pistes évoquées.

1. Refonder le CFCM et créer une nouvelle “instance de dialogue”

Créé en 2003 sous l’im­pul­sion de Nico­las Sarkozy et Jacques Chirac, le Con­seil français du culte musul­man souf­fre aujour­d’hui d’un manque de représentativité.

Il ne sera pas sup­primé mais devra trou­ver sa place aux côtés d’une nou­velle “instance de dia­logue”, qui sera mise en place avant l’été. Elle se réu­ni­ra “deux fois par an autour du Pre­mier min­istre”, à l’in­star de ce qui existe pour les catholiques, a pré­cisé le min­istre de l’In­térieur Bernard Cazeneuve.

Cette instance aura pour but de faciliter le dia­logue entre musul­mans et non-musul­mans et de se saisir de ques­tions polémiques telles que la for­ma­tion civile des imams, l’a­battage rit­uel ou la sécu­rité des lieux de culte, “dans le respect rigoureux des principes de la laïc­ité”, a ajouté le ministre.

2. Revoir la formation des imams et des aumôniers

Autre mesure très atten­due pour prévenir et com­bat­tre la rad­i­cal­i­sa­tion, la for­ma­tion des imams et des aumôniers musulmans.

Ils suiv­ront désor­mais une for­ma­tion aux valeurs répub­li­caines, dis­pen­sée dans une douzaine d’étab­lisse­ments à tra­vers la France et sanc­tion­née par un diplôme universitaire.

L’idée est de “favoris­er l’émer­gence d’une généra­tion d’i­mams pleine­ment insérés dans la République”, explique-t-on au ministère.

Nom­bre des 2 300 mosquées et salles de prières du pays n’ont pas en effet d’i­mam per­ma­nent, lais­sant prospér­er des prédi­ca­teurs itinérants voire autoproclamés.

En prison, la for­ma­tion des aumôniers est sen­si­ble puisqu’il s’ag­it de mieux prévenir le bas­cule­ment jihadiste. Mais avec à peine 180 inter­venants – un chiffre large­ment insuff­isant aux yeux de nom­breux experts – il est aujour­d’hui très dif­fi­cile de con­tenir le phénomène. 

Les aumôniers “ne seront recrutés désor­mais que s’ils ont obtenu ce diplôme de for­ma­tion aux principes fon­da­men­taux de la République”, a déclaré Bernard Cazeneuve.

3. Sécuriser les lieux de culte musulmans

Face à l’aug­men­ta­tion du nom­bre d’actes islam­o­phobes, l’E­tat veut accroître la sécu­rité des fidèles et des lieux de culte.

Il est cru­cial “que la République pro­tège tous ses enfants, et notam­ment les mosquées de tous les actes antimusul­mans”, a martelé M.Cazeneuve.

Des fonds devraient notam­ment être déblo­qués pour installer des caméras de vidéo­sur­veil­lance autour des mosquées et des salles de prières.

4. Mieux contrôler les écoles privées musulmanes

Il existe aujour­d’hui une trentaine d’é­coles privées musul­manes en France, dont une minorité seule­ment est sous con­trat avec l’État.

Bernard Cazeneuve veut encour­ager plus d’é­coles à coopér­er avec l’É­d­u­ca­tion nationale pour que l’É­tat ait un droit de regard sur l’en­seigne­ment dis­pen­sé dans ces écoles.

Il y a deux semaines, le lycée Aver­roès de Lille s’est ain­si retrou­vé au cen­tre de l’at­ten­tion après les accu­sa­tions d’un ancien professeur.

5. Promouvoir les cultures islamiques

Dernière mesure pro­posée : la mise en place d’une Fon­da­tion de l’Is­lam de France.

Le gou­verne­ment veut pro­mou­voir une meilleure com­préhen­sion de l’is­lam et des cul­tures islamiques, en favorisant notam­ment les bours­es à des­ti­na­tion de doc­tor­ants et de chercheurs.