Culture

Charpie Hebdo : “On veut nous interdire de parodier Charlie Hebdo”

Après Le Monte et Le Connard, Charpie Hebdo ? L'intention de Sonora Media de parodier Charlie Hebdo suscite l'opposition ferme de l'avocat du journal satirique. Stéphane de Rosnay, associé de la société, y voit une atteinte à la liberté d'expression.

3millions7 : Pourquoi avoir voulu sortir un Charpie Hebdo ?

Stéphane de Ros­nay : C’est une idée que l’on a eu entre le 19 et le 20 jan­vi­er. Finale­ment, on a aban­don­né car on a préféré se con­sacr­er à nos autres jour­naux (Le Con­nard et Le Monte, par­o­dies du Canard Enchaîné et du Monde, ndlr). Quinze jours après, on a reçu une let­tre de Richard Mal­ka, l’avocat de Char­lie, pour nous inter­dire de le faire, comme si l’idée était déjà actée (éclats de rire). Ce n’est pas drôle, mais je me marre car cela mon­tre que ceux qui se présen­tent comme les amis de la presse sont par­fois ses enne­mis. Du coup, cette let­tre nous a don­né envie de sor­tir ce numéro. Pour mon­tr­er que ce genre de com­porte­ment, ce n’est pas la lib­erté de la presse. La sor­tie de Charpie Heb­do n’est pas encore pro­gram­mée, mais on le fera.

3m7 : Charpie, c’est en référence aux attentats ?

S.R : Même pas ! On détourne le nom de Char­lie Heb­do depuis des années dans nos jour­naux. Dans le numéro du Monte qui était en kiosque au moment des atten­tats, sor­ti fin novem­bre, il y avait une page sur Charpie Heb­do qui dis­ait « on a plein d’argent mais on en veut pour se pay­er des putes ». On change tou­jours le nom des gens et des choses. C’est la tra­di­tion du pas­tiche… Pour Char­lie, on cher­chait un mot qui y ressem­ble en mod­i­fi­ant une let­tre. Vous en trou­vez beau­coup, vous, des mots comme ça? Ça n’a rien à voir avec les atten­tats. Et même si cela avait à voir, où serait le prob­lème ? C’est ahuris­sant qu’ils s’opposent à un pas­tiche, on a le droit d’écrire « Charpie Hebdo ».

3m7 : Vous vous sentez soutenus ?

S.R. : On a reçu des cour­ri­ers d’avocats qui nous sou­ti­en­nent. Sur inter­net, les com­men­taires et les réac­tions sur Twit­ter étaient posi­tifs. Les gens sont con­tre la cen­sure. J’ai enten­du dire que même au sein de la rédac­tion de Char­lie, les gens sont furieux. Ça la fout vrai­ment mal pour eux. Le pire, c’est qu’on n’en par­le qua­si­ment pas dans les médias, il y a une sorte de chape de plomb sur cette affaire. Ça paraît telle­ment évi­dent de défendre le droit au pas­tiche. Sur cette affaire-là, Char­lie n’est pas Charlie.

Pho­to d’en-tête : Charpie Heb­do sera bien­tôt dans les kiosques (Cre­ative Commons/Régis Fras­se­to)